Des parlementaires américains appellent le président Biden à réduire le rôle et le nombre des armes nucléaires

Des parlementaires américains appellent le président Biden à se servir de la prochaine Revue de posture nucléaire (Nuclear Posture Review) pour limiter le rôle des armes nucléaires dans la sécurité nationale des Etats-unis, réduire les dépenses jugées superflues des armes nucléaires et faire des progrès concrets vers des mesures supplémentaires de contrôle des armes et de réduction des risques au niveau mondial.

Photo credit: Robert Winkle

Les membres du PNND, Carolyn Maloney, Eleanor Holmes Norton, Barbara Lee et Jim McGovern, se sont joints à 25 autres membres de la Chambre des représentants des Etats-Unis, en signant une lettre, envoyée vendredi dernier (10 septembre) au président Biden. Cette lettre l’appelle à se servir de la prochaine Nuclear Posture Review (document qui détermine la position américaine sur les armes nucléaires) pour établir une politique nucléaire qui limite le rôle des armes nucléaires dans la sécurité nationale des Etats-Unis, qui réduise les dépenses superflues liées à ces armes et qui ouvre la voie à des progrès concrets vers des mesures supplémentaires de contrôle des armes et de réduction des risques au niveau mondial. 

“Nous vous écrivons aujourd’hui pour vous exprimer notre profonde inquiétude en ce qui concerne votre demande de budget pour l'année fiscale 2022 pour les armes nucléaires qui ne reflète pas vos efforts de longue date pour réduire notre dépendance aux armes nucléaires,” déclarent les parlementaires qui ajoutent : “Nous vous demandons respectueusement d'inverser les efforts de l'administration Trump visant à augmenter les dépenses pour ces armes nucléaires coûteuses, inutiles et profondément dangereuses. Prendre ces mesures initiales permettra d'accroître la sécurité quotidienne des États-Unis et de nos alliés, de préparer le terrain pour des progrès potentiels dans les futurs pourparlers sur le contrôle des armements, et d'économiser des milliards de dollars pour des besoins plus urgents.”

La lettre, qui a été initiée et portée par Pramila Jayapal, membre du Congrès, remarque que la demande de budget pour l’année fiscale 2022, faite par le président Biden, maintient, voire augmente, le budget pour chacun des programmes qui concernent les armes nucléaires proposés par l’administration Trump,  y compris le financement d'armes auxquelles l'administration Obama s'est opposée ou qu'elle a cherché à retirer.

Ce budget investit près de 634 millions de dollars américains sur 10 ans pour reconstruire chaque vecteur, chaque arme et chaque tête nucléaire de l’arsenal nucléaire américain.

“Les Etats-Unis et tous les autres Etats dotés de l’arme nucléaire devraient réduire leur budget dédié aux armes nucléaires et effacer progressivement le rôle des armes nucléaires dans les doctrines de sécurité” a déclaré Alyn Ware, le coordinateur général du PNND et co-fondateur de la campagne "Move the Nuclear Weapons Money". "La pandémie de la COVID [...] a démontré qu'une véritable sécurité exige une coopération mondiale, un investissement dans la santé publique et la fin des conflits armés et du recours à la force nucléaire dans les relations internationales."

"La décision récente du président Biden de s'engager dans une diplomatie directe avec la Russie a démontré qu'il comprend le danger inégalé pour le monde que représente la guerre nucléaire. Le soutien renouvelé de Biden et de Poutine à l’engagement que s’était fait Reagan et Gorbatchev selon lequel 'une guerre nucléaire ne peut être gagnée et ne doit jamais être menée' est un pas important dans la bonne direction", a déclaré Erik Sperling, directeur exécutif de Just Foreign Policy. "Il est grand temps maintenant que le président Biden passe de la parole aux actes. Il devrait écouter ce groupe diversifié de voix avisées dans son propre parti et inverser l'accumulation nucléaire dangereuse et dispendieuse de Trump."

Letter complements the ICBM (Invest in Cures Before Missiles) Act

La lettre vient compléter l’ICBM Act (Invest in Cures Before Missiles, Investir dans les soins avant les missiles en français)

La lettre, émanant de la Chambre des représentants des Etats-Unis, vient compléter la loi ICBM (ICBM Act) qui a été soumise au Congrès américain en avril de cette année par le co-président du PNND et sénateur Markey ainsi que par le représentant Khanna.

Ces deux initiatives demandent l'annulation du nouveau programme du Pentagone de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM), qui doit renouveler la force de dissuasion stratégique terrestre du Pentagone et qui s’élève à un montant de 93 à 96 milliards de dollars. L'ICBM Act demande la réorientation de ces fonds vers le développement d'un vaccin universel contre le coronavirus et la lutte contre d'autres types de menaces biologiques.

"Les États-Unis devraient investir dans un vaccin de prévention de masse avant une autre nouvelle arme terrestre de destruction massive", a déclaré le sénateur Markey en présentant l'ICBM Act. "La loi ICBM indique clairement que nous pouvons commencer à éliminer progressivement le dispositif nucléaire de la guerre froide qui risque une guerre nucléaire accidentelle tout en continuant à dissuader les adversaires et à rassurer les alliés, et réorienter ces dépenses vers les dangers clairs et actuels posés par les coronavirus et autres maladies émergentes et infectieuses."

"La dévastation semée par la COVID-19 serait pâle en comparaison de celle d'une guerre nucléaire même limitée. La loi ICBM indique que nous avons l'intention de mettre le monde à l'abri des armes nucléaires et de donner la priorité aux dépenses qui sauvent des vies, plutôt qu’à celles qui y mettent fin."

Lettre du Sénat sur la Nuclear Posture Review

La lettre dirigée par Rep Jayapal complète également une lettre similaire du Sénat dirigée par le sénateur Markey et ses collègues, envoyée au président Biden en juillet. Dans cette lettre, les sénateurs font un certain nombre de propositions spécifiques pour réduire le rôle des armes nucléaires, notamment l'adoption par les États-Unis d'une politique de non-emploi en premier (No-First-Use policies).

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